Le m final a-t-il une valeur ?
Le statut du m final
dans les racines arabes[1]
Résumé
À partir du constat qu’un nombre important de racines triconsonantiques ont une variante quadriconsonantique se terminant par un -m, cette étude vérifie qu’il en va de même pour un grand nombre de racines triconsonantiques se terminant par un -m quand on les compare aux racines construites sur les seules deux autres radicales ou avec un glide préfixé, infixé ou suffixé. Dans tous les cas de figure, il s’avère que ce m ajouté n’a aucune valeur sémantique.
Mots-clés : mim final, synonymes, variantes, extensions, Ehret, Bohas
Summary
Starting from the fact that an important number of triconsonantic roots have a quadriconsonantic variant ending with a -m, this study verifies that the same phenomenon applies to a great number of triconsonantic roots ending with a -m when compared to the roots constructed on the other two radicals or with a glide as a prefix, infix or suffix. In all cases, it appears that the added m has no semantic value.
Key words : final mim, synonyms, variants, extensions, Ehret, Bohas
Dans la théorie de Georges Bohas[2], une famille morphosémantique arabe se caractérise par la présence, au sein des racines qui la composent, d’un “étymon” bilitère de type {C1,C2} porteur d’une même charge sémantique. La troisième consonne d’une racine trilitère a le statut de crément – préfixe, suffixe ou infixe – et la place des consonnes n’est ni fixe ni ordonnée. Les racines quadrilitères ont deux créments ou sont le résultat du croisement de deux étymons synonymes ou complémentaires, soit {C1,C2} + {C3,C4}. Les racines trilitères elles-même peuvent être le résultat d’un croisement d’étymons, soit {C1,C2} + {C2,C3}.
Les glides w et y n’étant généralement pas considérés comme des radicales, les racines trilitères qui en comportent révèlent d’emblée leur étymon. C’est aussi le cas des racines dites “sourdes” de type C1-C2-C2 et des racines quadrilitères à couple redoublé de type C1-C2-C1-C2. Ces racines sont dites “non ambigües”. Toutes les autres sont dites “ambigües” car elles pourraient être construites sur n’importe lequel des trois étymons théoriquement possibles : {C1,C2} ou {C1,C3} ou {C2,C3}. Seul le sémantisme de la racine en question permet alors de décider lequel des trois étymons est à privilégier, et par là à quelle famille morphosémantique peut être associée cette racine ou au moins certains de ses dérivés, le lexique arabe n’étant pas exempt de cas d’homonymie.
Dans une note de bas de page de son ouvrage de 1997[3], Bohas révélait à propos du nom désignant la « bouche » – à savoir فو fū, فا fā et في fī, selon sa fonction dans la phrase – l’existence d’étymons monoconsonantiques susceptibles d’être élargis par des sonantes et des gutturales. Ce mot connaît en effet les formes فم fum, فمّ fumm et فوه fūh, dans lesquelles il apparaît clairement que le fā’ ne peut être que la seule consonne basique, la seule radicale. Ce mot n’est pas isolé au sein du lexique arabe : c’est aussi le cas bien connu de بوه būh « hibou » qui connaît la variante بوم būm.
Dans notre propre article sur cette question des étymons monoconsonantiques[4], nous nous étions, à partir de là, interrogé sur certains mots de la racine بهم √bhm qui nous semblaient pouvoir être formellement et sémantiquement rapprochés d’autres racines à probable radicale unique bā’, à savoir :
بهيمة bahīma animal bête, brute – أبهم ’abham qui ne sait ou ne peut parler // بوه būh sot, stupide // هباء habā’ homme d’un esprit borné et faible – هوب hawb un sot bavard
بهم bahama – II. faire halte, s’arrêter // باء bā’a – II. faire halte – بوى bawā s’arrêter, faire halte dans un endroit[5]
Il nous a dès lors semblé intéressant de vérifier si la présence de ce m final à valeur sémantique neutre – et dont la seule raison d’être semble bien d’allonger un mot qui, sans lui, serait trop court[6] –, ne s’étendait pas, au-delà des quelques mots que nous venons de citer, à l’intégralité du lexique de l’arabe, en commençant par les racines quadrilitères. Nous ne voulons évidemment pas dire par là que ce statut est celui de tous les m finaux, car, dans beaucoup de racines, le m final est clairement l’une des consonnes radicales, l’un des composants de l’étymon de la racine ; c’est par exemple probablement le cas dans les racines suivantes[7] :
عتم ‛atama être trait le soir (étymon {t,m})
حجم ḥaǧama téter (étymon {ǧ,m})
هجم haǧama tirer, épuiser tout le lait que la femelle avait dans ses pis (étymon {ǧ,m})
ou bien dans la racine حشم ḥašima être en colère dont l’étymon doit être {ḥ,m} si l’on en juge par حمي ḥamiya être irrité (contre), حمر ḥamira s’enflammer de colère, حمس ḥms II. irriter, حمش ḥamaša irriter, حمق ḥamiqa se fâcher, حمل ḥml VIII. s’irriter, etc.[8]
En revanche, dans la forme homographe حشم ḥašama gêner, faire rougir, on verra plus loin, à juger par la racine حاش ḥāša V. rougir, avoir honte, que le m final est probablement un crément.
Nous reviendrons plus longuement sur les racines trilitères mais voyons d’abord ce qu’il en est d’un ensemble moins volumineux et par là plus facile à cerner, le sous-corpus des racines quadrilitères de type C1-C2-C3-m.
1. Le m final des quadrilitères
La thèse de Karim Bachmar, Les quadriconsonantiques dans le lexique de l’arabe[9], nous a permis de recenser facilement et rapidement une centaine de racines de type C1-C2-C3-m. Il n’est pas dans notre intention de rendre compte ici des analyses de l’auteur pour chacune des racines dont nous allons parler. Qu’il suffise de dire qu’elles sont différentes des nôtres, ce qui ne les invalide pas pour autant. En ce qui nous concerne, dans la vingtaine d’items ci-après, soit environ un cinquième de ce groupe, même s’il ne faut pas exclure pour certains un possible croisement d’étymons, il nous semble que le m final est un crément à valeur sémantique neutre permettant la création, à partir d’une racine trilitère, d’un synonyme ou parasynonyme. Qu’on en juge :
براعيم barā‛īm hautes montagnes // برع bara‛a gravir une montagne
بلعم bal‛ama avaler // بلع bali‛a avaler
جردم ǧardama dévorer tout ce qui se trouvait dans l’écuelle // جرد ǧarada dévorer (en parlant des sauterelles)
حلقم ḥalqama couper la gorge à qqn // حلق ḥalaqa blesser à la gorge
دلهم dalham devenu fou d’amour // دله daliha perdre la tête (d’amour)
دهكم dahkama II. assaillir qqn, se jeter sur qqn // دهك dahaka broyer ; forcer une femme
زردم zardama serrer le gosier avec une corde // زرد zarada serrer avec une corde le gosier à un chameau
صلقم ṣalqama claquer des dents // صلق ṣalaqa faire claquer ses dents (en parlant d’un étalon)
عجرم ‛aǧrama marcher avec rapidité // عجر ‛aǧara s’éloigner rapidement
علثم ‛alṯama II. parler avec peine, avec l’élocution pénible // علث ‛alaṯa brouiller, mêler tout ensemble (sens figuré)
فرصم farṣama casser et enlever une partie de son tout // فرص faraṣa fendre en deux
قرصم qarṣama couper ou briser, et arracher // قرص qaraṣa retrancher en coupant
قرضم qarḍama retrancher en coupant // قرض qaraḍa rompre, couper en rongeant
قرطم qarṭama couper, retrancher en coupant // قرط qaraṭa couper en petits morceaux
قلزم qalzama avaler // قلز qalaza boire dans un trou, humer l’eau qui est dans un trou
كردم kardama II. se mettre à courir pour se sauver // كرد karada donner la chasse à qqn, le poursuivre
لعثم la‛ṯama rester longtemps à une place, s’y arrêter ; s’arrêter à qqch pour l’examiner avec attention // لعث la‛iṯa être lent à faire qqch
لهجم lahǧama II. aimer passionnément une chose // لهج lahiǧa aimer passionnément une chose et y être adonné
لهزم lahzama couper à qqn d’un coup de sabre l’os saillant de la mâchoire sous l’oreille // لهزة lahaza os saillant de la mâchoire sous l’oreille
Un cas particulièrement intéressant est celui du trio suivant :
بلدم baldama être saisi de frayeur au point de ne pas pouvoir parler
بلسم balsama se taire, devenir muet par suite de frayeur ou de quelque émotion
بلتم baltam bègue, homme borné
On pourrait, à première vue, penser que chacune de ces trois racines n’est qu’une extension, chaque fois avec un infixe différent, de la racine بلم √blm IV. se taire – أبلم ablam sot, stupide.[10] Sauf qu’une recherche plus approfondie permet d’extraire de cette même racine l’étymon {b,l} tel qu’il apparaît également dans بلد balida être stupide, بلس √bls IV. rester stupéfait, بله baliha être sot, nul, simple, etc.[11] Autrement dit, chacune de ces trois racines quadrilitères s’analyse très probablement comme une extension par m d’une racine trilitère contruites sur l’étymon {b,l} “stupidité”. Nous n’irons pas plus loin : il dépasserait le cadre de cette étude de nous interroger sur la nature ou la fonction de la troisième consonne dans chacune des trois racines بلد √bld, بلس √bls et بله √blh.
Cet exemple n’est pas unique ; il suffit d’extraire de notre liste cet autre trio de paires pour y vérifier la parenté formelle et sémantique des six racines concernées ainsi que la nature et la fonction du m final dans les premiers éléments :
قرصم qarṣama couper ou briser, et arracher // قرص qaraṣa retrancher en coupant
قرضم qarḍama retrancher en coupant // قرض qaraḍa rompre, couper en rongeant
قرطم qarṭama couper, retrancher en coupant // قرط qaraṭa couper en petits morceaux
Dans chaque paire, le m final du premier élément s’ajoute au deuxième élément sans en changer le sens ; il se contente d’alourdir formellement le mot, de lui donner du corps.
Il est dès lors légitime de se demander si cette incrémentation par un m final à valeur sémantique neutre n’affecte pas également les racines trilitères, autrement dit si certaines racines de type C1-C2-m ne seraient pas de simples extensions de racines sourdes ou redoublées, défectueuses, concaves, ou des variantes de racines ambigües reposant sur un étymon archétypal {C1,C2}.
2. Probables extensions par m final de racines sourdes ou redoublées
En 1989 paraissait dans le Journal of Afroasiatic Languages 2, 107-202, un article de Christopher Ehret intitulé “The Origin of Third Consonants in Semitic Roots: An Internal Reconstruction (Applied to Arabic)”. Nous n’avons pas ici la prétention de porter un jugement sur l’ensemble de ce travail déjà ancien et qui fut en son temps abondamment commenté et loué. Nous nous attarderons seulement sur les tables 34 et 34a que l’auteur consacre au m final (pages 161 à 164). Rappelons que ces tables comportent quatre colonnes où les données sont distribuées comme suit :
Triliteral root : colonne des racines trilitères à m final. Au total, en additionnant les données des deux tables, ce sont vingt-et-une racines qui figurent dans cette colonne et qui constituent donc les données de départ.
Simple form : colonne des racines sourdes ou redoublées ayant un certain lien sémantique avant la racine trilitère située en regard dans la première colonne. Cette colonne n’est occupée que par huit données, les autres cases restant vides.
Other related forms : colonne des racines trilitères diverses ayant ce même lien sémantique. Cette colonne n’est vide que pour deux items.
Semantics : explicitation du lien sémantique entre les diverses racines données en regard dans les autres colonnes. Cette colonne est occupée pour quatorze entrées.
Nous commencerons par examiner les huit paires complètes proposées par Ehret dans les deux premières colonnes. (Nous avons fusionné les données des tables 34 et 34a). Si ce n’est de quelques bizarreries dans la transcription latine, nous n’avons rien à redire pour six d’entre elles :
– jaẓm “to cut off, maim, mutilate” // jaẓẓ “to cut off at the root, pluck”
(NB : ce n’est pas jaẓm // jaẓẓ mais jazm // jazz)
– dajm “to be dark” // dujuj “deep darkness”
– šajam “ruin, perdition, death” // šajj “to cleave or break the head, be wounded or scarred”
– ṭa‛m “to eat, consume food, be satiated” // ṭa‛‛ “to lick”
– lisām “to taste” // lass “to eat, lick out”
(NB : il faut probablement lire lasm ou lasam plutôt que lisām)
– lafam “to wrap one’s self up in the lifām” // laff “to wrap up, envelope, roll or fold up, bend, double up”
NB : Après cet échantillon extrait tel quel de l’article d’Ehret, nous utiliserons désormais la graphie en caractères arabes suivie de sa transcription latine la plus usuelle. Nos définitions sont celles du dictionnaire de Kazimirski.
Les deux seuls items de ce petit groupe sur lesquels nous avons un commentaire à faire sont ceux relatifs à هشم hašm (table 34) et قضم qaḍam (table 34a).
Pour la première paire, Ehret propose هشم hašm to break, crush // هشّ hašš to beat off with a stick. Le lien sémantique n’est pas évident mais acceptable, car il y a bien un rapport de cause à conséquence entre un coup porté et les effets destructeurs du coup. Mais il y avait une autre possibilité qui était de mettre en regard les deux mêmes racines avec un autre sémantisme, à savoir :
هشمة hašma mollesse d’un sol tendre // هشّ hašša être tendre, mou (pain)
Pour la deuxième paire, Ehret propose قضم qaḍam sword // قضّ qaḍḍ to pierce, perforate, bore, deflower. Là aussi, s’il est vrai qu’un sabre est bien un instrument destiné à pénétrer la chair, il y avait aussi la possibilité de mettre en regard les deux mêmes racines avec un autre sémantisme, à savoir :
قضم qaḍima grignoter, croquer du bout des dents qqch de sec // قضّ qaḍḍa rencontrer en mangeant qqch qui craque sous les dents
Mais surtout, pour les quatre items ci-dessous, et parfois avec un autre sens dans la première colonne, Ehret aurait pu occuper certaines cases vides de sa deuxième colonne par une “simple form” telle qu’il l’entend, à savoir une racine sourde ou redoublée. À sa place, nous aurions donc proposé ceci :
درم darama courir à petits pas, à pas serrés // درّ darra courir légèrement et avec vitesse (se dit d’un cheval)
زأم za’ama effrayer, frapper de terreur // زأزأ za’za’a effrayer qqn, lui faire peur
قحم qaḥama se jeter à l’aveugle, témérairement dans une affaire // قحقاح qaḥqāḥ, مقحقح muqaḥqaḥ forcé, précipité, se dit d’une marche qui se fait pendant la nuit
لحم laḥama raccorder, souder // لحّ laḥḥa avoir les paupières collées
On peut s’étonner qu’ait échappé à Ehret une paire que tout jeune arabisant repère très vite :
ظلم ẓalima être obscur, couvert de ténèbres // ظلّ √ẓll IV. avoir de l’ombre, ombrager
d’autant plus qu’elle confortait son hypothèse quant au rôle “fortatif” du m final.
Sans prétendre à l’exhaustivité mais pour diminuer la part du hasard et enrichir le corpus d’Ehret, nous avons constitué une vingtaine d’autres paires où l’on observe le même phénomène :
أجم ’aǧama être brûlant // أجّ ’aǧǧa brûler, être consumé par le feu
جثم √ǧṯm – جثمان ǧuṯmān corps, dépouille mortelle // جثّة ǧuṯṯa corps, cadavre
جذم ǧaḏama couper // جذّ ǧaḏḏa couper, arracher, extirper
جرم ǧaram péché, délit, crime // جريرة ǧarīra péché, délit, crime
حدم √ḥdm VIII. bouillonner, s’échauffer // حدّ ḥadda être furieux, s’emporter contre qqn
دكم √dkm II. frapper qqn (avec la tête) // دكّ dakka piler, broyer, anéantir, détruire
ردم radm décombres d’un édifice démoli // ردّة radda saleté, ordure
رشم rašm ou rašam pluie // رشّ rašš pluie légère qui ne fait qu’arroser
سدم sadama fermer, barricader une porte // سدّ sadd barrage
عكم ‛ukima être empêché de // عكّ ‛akka lier, emprisonner, retenir qqn, l’empêcher
فلم √flm VIII. couper le nez à qqn // فلّ falla ébrécher (un sabre)
قثم qaṯama amasser des richesses // قثّ qaṯṯa amasser des richesses
كسم kasama broyer // كسّ kassa broyer, piler
لذم laḏima plaire à qqn // لذّ laḏḏa trouver une chose agréable
لزم lazima s’attacher à un endroit, être inséparable de // لزّ lazza adhérer à, se coller à
لكم lakama donner des coups, boxer // لكّ lakka bourrer de coups
هتم hatama frapper qqn sur le devant de la bouche de manière à lui casser les dents de devant // هتّ hatta briser, broyer, écraser – هتهت hathata briser, broyer, écraser
هثم haṯama broyer et réduire en poudre, pulvériser // هثهاث haṯhāṯ confus, en désordre, rempli de poussière, tout poudreux
هدم hadama démolir, abattre // هدّ hadda briser, casser, démolir
هرم haram décrépitude, vieillesse // هرهر hirhir vieille chamelle ou vieille brebis
Il ne semble pas, au vu du total des paires recensées, qu’on puisse en toute bonne foi attribuer au hasard ces doubles correspondances formelles et sémantiques. Il ne semble pas non plus qu’on puisse suivre Ehret dans son idée que le m final aurait une valeur “fortative” ou “deverbative”. Si ce m est “fortatif”, c’est plutôt sur le plan formel et phonétique, non sur le plan sémantique. Mais peut-être est-il encore trop tôt pour l’affirmer. Voyons d’abord ce qu’il en est avec d’autres types de formes “simples” comme deuxième élément. En effet, nous considérons comme des formes simples toutes les racines que Bohas appelle “non ambigües”[12]. Nous poursuivrons donc notre recherche par les racines défectueuses.
3. Probables extensions par m final de racines défectueuses
Commençons par six des entrées figurant dans l’article d’Ehret.
دجم daǧama être sombre, ténébreux // دجا daǧā couvrir tout de son obscurité (nuit)
NB : on trouvera bien دجا daǧā mais dans la colonne “Other related forms”.
C’est la seule racine défectueuse mentionnée par Ehret. Pour les entrées ci-après, la racine défectueuse mentionnée est de notre fait :
علم ‛alam montagne que l’on peut apercevoir de loin // علا ‛alā être haut
NB : Ehret avait choisi pour cette entrée le sens plus connu de “sign, token, mark”, dont nous reparlerons. Notre choix permet de constituer ici une autre paire avec une racine défectueuse, et de révéler par la même occasion l’étymon de la racine علم √‛lm.
كشم kašama couper net, entièrement, sans rien laisser // كشا kašā mordre à une chose et ensuite la retirer de la bouche
لثم laṯama toucher avec les lèvres, ne faire que goûter qqch // لثا laṯ‛ā boire doucement
لحم laḥama ronger un os, en enlever les chairs // لحا laḥā enlever l’écorce intérieure d’un arbre
وشم wašama tatouer // وشى wašâ donner (à une étoffe) un dessin en couleur
Là encore sans prétendre à l’exhaustivité mais, comme plus haut, pour diminuer la part du hasard et enrichir le corpus d’Ehret, nous avons constitué quarante autres paires où l’on observe le même phénomène :
أتم ’atama – II. forcer une femme // أتى ’atā cohabiter avec une femme
تيماء taymā’ désert où le voyageur peut facilement s’égarer et périr // توى tawā périr
جذم ǧaḏama couper, mutiler // جذى ǧaḏā empêcher qqn de
حوم ḥawm troupeau de chameaux // حوى ḥawā réunir, rassembler – حيّ ḥayy tribu
حصم √ḥṣm – حصيم ḥaṣīm petits cailloux // حصًى ḥaṣan petits cailloux
حلم ḥilm patience, bonté, clémence, mansuétude // حلا ḥalā u être doux
حومة ḥawma[13] quartier d’une ville // حيّ ḥayy quartier d’une ville
دحم daḥama forcer une femme // دحا daḥā forcer une femme
دهم dahama arriver à qqn (malheur) // دها frapper qqn (malheur)
دام dāma voler autour, faire le tour d’un champ (oiseaux) // دوّى dawwa courir autour, faire le tour d’un champ (chiens)
رطم raṭama cohabiter avec une femme // رطا raṭā u cohabiter avec une femme
رعم ra‛ama observer un coucher de soleil // رعى ra‛ā observer
رامة rāma mare d’eau // روى rawā avoir été arrosé
سوم sawm prix, valeur d’une marchandise // سوى sawā valoir
صوام ṣawām aride et dépourvu d’eau (terre, pays) // صوى ṣawā sécher, se dessécher (arbre)
ضام ḍāma porter préjudice à qqn, frauder qqn dans ce qui lui est dû // ضوى √ḍwy IV. priver qqn d’une partie de ce qui lui était dû, frauder, léser qqn dans ses droits
طحم ṭaḥama fondre sur qqn ou qqch // طحا ṭaḥā jeter qqn à terre
عرم ‛arama ronger l’écorce des arbres // عري ‛ariya être nu, dépouillé de (ses habits)
عكم ‛akama emballer les bagages // عكا ‛akā nouer – IV. lier fortement
غلم √ġlm – VIII. s’agiter (mirage, flots) // غلى ġalā bouillonner, bouillir
غنم √ġnm gain, proie, butin, profit, réussite... // غني √ġny richesse, utilité, avantage
فرم farama couper, hacher en petits morceaux // فرى farā couper, tailler, fendre
فلم √flm – VIII. couper le nez à qqn // فلا falā u et i porter un coup de sabre à la tête
قثم qaṯama amasser des richesses // قثا qaṯā u et قثى qaṯā i amasser des richesses
قصم qaṣama rompre, briser // قصا qaṣā couper l’extrémité de l’oreille (à une bête)
لذم laḏima plaire à qqn // لذي laḏiya s’attacher à
لسم lasama goûter, déguster qqch // لسا lasā manger avec avidité
لغم laġam un peu d’onguent ou de pommade // لغا laġā graisser une bouillie, une soupe
لومة lawma attente, délai, retard // لوى lawā retarder à qqn le paiement d'une dette
هتم hatama donner à qqn une portion considérable de ses biens // هتا hatā III. donner, accorder qqch à qqn
هرم haram décrépitude, vieillesse // هارٍ hārin faible, débile, infirme ; tombé en ruine
هصم haṣama casser, briser // هصا haṣā III. casser les reins à qqn
هوم hawm vallées de la Terre // هوّة huwwa vallée profonde
وثم waṯama blesser au point de faire saigner – وثي wuṯiya éprouver une lésion sans qu’il y ait fracture
وجم waǧama s’abstenir de qqch par dégoût // وجي waǧiya IV. s’abstenir de qqch
وحم waḥam bruit que fait un oiseau avec ses ailes en volant // وحى waḥā produire un bruit
ورم waram tumeur, enflure // وري wary pus, sanie
وصم waṣama serrer, lier promptement qqch // وصى waṣâ unir, joindre (une chose) à
وغم waġm guerre // وغًى waġan guerre
وقم waqama – V. conserver, se graver dans la mémoire (un mot dit par qqn) // وقى waqā garder, conserver
Remarque sur les racines assimilées de ce sous-corpus : Ehret ayant choisi une racine assimilée comme entrée (وشم wašama), nous lui avons emboité le pas et intégré sans hésiter les sept racines ci-dessus. Il serait hors sujet de nous étendre ici sur le statut des glides dont nous avons dit d’entrée qu’ils n’étaient pas des consonnes comme les autres, mais la question se pose, au sujet de racines assimilées où le m final ou le glide final sont de probables créments, de savoir si ces racines sont construites sur des étymons monoconsonantiques ou sur des étymons ordinaires dont le glide serait l’un des composants[14]. Nous laissons provisoirement la question en suspens[15].
4. Probables extensions par m final de racines concaves
Commençons par l’une des entrées figurant dans l’article d’Ehret. C’est une entrée dont nous avons déjà parlé à deux reprises, mais une autre paire était possible avec une racine concave comme forme simple :
حشم ḥašama gêner, faire rougir // حاش ḥāša u V. rougir, avoir honte
NB : Remarquons au passage qu’il existe donc probablement au moins trois racines حشم √ḥšm homonymes, dont deux constuites sur le même étymon {ḥ,š} mais avec des charges sémantiques différentes.
Nous avons constitué une vingtaine d’autres paires où le même phénomène peut être observé :
جعم ǧa‛ima désirer convoiter // جاع ǧā‛a désirer ardemment
جهم ǧahama faire mauvaise mine à qqn // جاه ǧāha faire un mauvais accueil à qqn
حدم √ḥdm VIII. bouillonner, s’échauffer, s’enflammer // حاد ḥāda tenir qqn continuellement (se dit de la fièvre)
دلم dalima être pendante (lèvre) // دال dāla être lâche et pendant (ventre)
رغم raġima forcer, contraindre // راغ rāġa presser qqn de faire qqch
زلم √zlm – إزلأم ’izla’ama s’en aller, décamper // زال zāl quitter un lieu
سخم saḫam noirceur // سواخ suwāḫ bourbier
سطم √sṭm – سطام siṭām fourgon pour remuer le feu // مسوط miswaṭ outil en bois pour brouiller et mêler les liquides
صرم ṣarama couper // صار ṣāra couper
ضجم ḍaǧima être de travers (bouche, nez) // ضاج ḍāǧa aller de côté, dévier (flèche)
طقم ṭaqm harnais complet // طوق ṭawq collier
عكم ‛akama assaillir qqn, se jeter sur lui // عاك ‛āka se jeter sur qqn pour l’attaquer
علم ‛alama surpasser qqn en science, en savoir // عال ‛āla prendre le dessus sur qqn et le vaincre
فغم faġama pénétrer le nez de qqn (odeur) // فاغ fāġa se répandre (odeur)
قدم qadama marcher en tête // قاد qāda mener, conduire qqn en marchant devant lui
لثم laṯama ne faire que goûter qqch // لاث lāṯa manger qqch doucement, sans se presser
لسم lasama goûter, déguster qqch // لاس lāsa goûter, déguster
هثم haṯama donner à qqn une partie considérable de ce qu’on a // هاث hāṯa donner une petite portion d’une chose à qqn, obtenir une petite quantité de qqch
هجم haǧama fondre avec impétuosité sur qqn // هاج hāǧa être indigné, s’élancer avec impétuosité sur qqn
هرم haram décrépitude, vieillesse // هار hāra crouler, tomber en ruine
Que le deuxième élément de ces paires, dont la liste n’est certainement pas exhaustive, figure dans la deuxième ou dans la troisième colonne des tables d’Ehret n’a pas grande importance : il est clair, ici comme plus haut, qu’une telle répétition de ce parallélisme sémantique ne peut être le fruit du hasard.
Encore n’en avons-nous pas terminé. Passons aux racines assimilées.
5. Probables extensions par m final de racines assimilées
Aucune racine assimilée ne figurant chez Ehret en regard d’une racine saine, le sous-corpus ci-dessous, d’environ une trentaine de paires, a été constitué entièrement par nous-même :
جزم ǧazama couper, couper court à qqch // وجز waǧaza être court, succinct dans ce qu’on dit
جعم √ǧ‛m V. gémir, rendre un bruit, un gémissement // وجع waǧa‛a éprouver une douleur, se plaindre d’un mal
جهم ǧahama faire une mauvaise mine à qqn // وجه waǧh face, visage
حجم ḥaǧama s’enfuir // وحج waḥiǧa se sauver et chercher refuge
حشم ḥašima être en colère[16] // وحش √wḥš X. se fâcher contre qqn
حصم √ḥṣm – حصيم ḥaṣīm petits cailloux // وحص waḥṣ petits boutons qui viennent sur le visage d’une jeune et jolie fille[17]
دأم da’ama étayer et redresser ce qui était penché – V. couvrir la femelle (étalon) // ودأ wada’a dresser son pénis (se dit d’un cheval quand il veut couvrir une jument)
ذأم ḏa’ama blâmer // وذأ waḏa’a blâmer
رطم raṭama jeter qqn dans un bourbier // ورط √wrṭ II. jeter qqn dans un abîme, dans la perte
رقمة raqma parterre de verdure // ورق waraq feuilles, feuillage
زأم za’ama dévorer, avaler avec avidité // وزأ √wz’ V. se gorger, se remplir d’une boisson
سخم saḫam noirceur // وسخ wasaḫ saleté
سطم √sṭm – أسطم ’asṭum[18] milieu, centre, cœur (de toute chose) // وسط wasṭ milieu
شرم šarama fendre légèrement // وشر wašara scier (le bois)
طحم ṭaḥama fondre sur qqn ou qqch // وطح waṭaḥa se ruer sur qqch en se pressant en foule
عرم ‛arama traiter durement // وعر wa‛r dur (homme)
عزم ‛azama adjurer qqn de faire qqch // وعز wa‛aza ordonner, prescrire qch à qqn
علم ‛alam montagne que l’on peut apercevoir de loin // وعل wa‛ala être éminent, dominer
غرم ġarima être tenu de payer (une taxe, une dette...) // وغر waġara IV. se faire payer le tribut
فرم farama IV. remplir entièrement un vase // وفر wafara être abondant, copieux
فلم √flm VIII. couper le nez à qqn // وفل wafala peler, écorcer
قرم qarama couper avec les dents, croquer // وقر waqara fendre (un os)
قصم qaṣama rompre, briser // وقص waqaṣa casser (le cou de qqn)
قعم qa‛ima être frappé d’une maladie mortelle // وقع waqa‛a tomber sur qqn, le frapper
هزم hazama frapper et repousser qqn // وهز wahaza frapper et repousser qqn
هصم haṣama casser, briser // وهص wahaṣa briser qqch de tendre
Quand les mots parlent d’eux-mêmes, risquant de nous répéter, nous nous passerons de commentaire.
6. Probables variantes avec m final de racines ambigües
Nous avions prévu de poursuivre notre démonstration par une partie consacrée aux racines ambigües. Il ne nous semble plus que ce soit nécessaire de constituer un corpus très important. Nous signalerons donc les deux paires d’Ehret concernées :
علم ‛alama to mark, denote, put a sign to // علب ‛alaba to mark by an incision or an impression, cut off, علط ‛alaṭa to mark a camel across the neck
دغم daġama to overpower, overwhelm // دغر daġara to fall upon an enemy in a disorderly manner, rob by force, دغش daġaša to attack
Le parallélisme proposé dans cette paire par Ehret n’est pas évident. Si la synonymie entre دغر daġara et دغش daġaša est claire, celle des deux avec دغم daġama l’est beaucoup moins. Pour nous, dans ce dernier verbe, qui a beaucoup à voir avec le nez ou la gorge et avec le museau du cheval, le m final est très probablement radical, et c’est le d initial qui est un crément.
En guise d’ajout personnel, nous nous contenterons de rappeler un ensemble vu plus haut à propos des quadrilitères et déjà commenté :
بلم √blm – أبلم ablam sot, stupide // بلد balida être stupide, بلس √bls IV. rester stupéfait, بله baliha être sot, nul, simple, بلتم baltam bègue, homme borné
7. Le m médian
Conformément à la théorie de Georges Bohas, rapidement exposée dans les premières lignes de cet article, on va voir dans le sous-corpus ci-après – où le premier élément de chaque paire a été vu plus haut – que le crément m ne se cantonne pas dans sa position finale ; il peut aussi apparaître en position médiane, entre les deux radicales de l’étymon :
أجم ’aǧama être brûlant // أمج ’amaǧ chaleur brûlante
جذم ǧaḏama couper // جمد ǧamada couper (mais pas جمذ ǧamaḏa)
حدم √ḥdm VIII. bouillonner, s’échauffer // حمد √ḥmd VIII. être intense (chaleur)
حشم ḥašima être en colère // حمش ḥamaša, ḥamiša irriter, mettre en colère
حصم √ḥṣm – حصيم ḥaṣīm petits cailloux // حمّص ḥimmaṣ, ḥimmiṣ pois chiche
دجم daǧama être sombre // دامج dāmiǧ très sombre (nuit)
دكم √dkm II. frapper qqn (avec la tête) // دمك damaka moudre
ردم radm décombres d’un édifice démoli // رماد ramād cendre – رمد ramd perte, dégât dans les troupeaux
سطم √sṭm – أسطم ’asṭum milieu, centre, cœur (de toute chose) // سماط simāṭ milieu, fond (d’une vallée)
ضام ḍāma porter préjudice à qqn, frauder qqn dans ce qui lui est dû // ضمى ḍamā i être injuste, agir injustement
طعم ṭa‛ima manger, avaler // طمع ṭami‛a être avide de qqch
علم ‛alama surpasser qqn en science, en savoir // عمل ‛amil bon ouvrier
قعم qa‛ima être frappé d’une maladie mortelle // قمع qama‛a frapper, cogner qqn à la tête
كشم kašama couper net, entièrement, sans rien laisser // كمش kamaša tronquer, couper les extrémités
لسم lasama goûter, déguster qqch // لمس lamasa toucher, palper
هدم hadama démolir, abattre // همد hamada se casser, se déchirer sur le pli
هرم haram décrépitude, vieillesse // همر hamara démolir, abattre, ruiner
هزم hazama frapper et repousser qqn // همز hamaza pousser, repousser qqn, frapper
وشم wašama tatouer // ومشة wamša signe maternel blanc sur le corps
Encore ne s’agit-il là que d’un échantillon imposé par notre sujet, qui laisse supposer que de telles paires se retrouvent pour bien d’autres racines.
Il est temps de conclure. L’intuition d’Ehret sur le statut de crément du m final de certaines racines en C1-C2-m était juste. Nous avons amplement confirmé cette intuition par un corpus beaucoup plus probant que le sien, beaucoup plus abondant, et certainement encore incomplet. De même – les deux phénomènes sont d’ailleurs liés – qu’il avait raison d’apparenter ces racines à d’autres, qu’elles soient « simples » ou non.
Mais nous ne pouvons le suivre sur les deux rôles – « fortative » et « deverbative » qu’il attribue à ce m. En cas de différence d’intensité, ce qui est loin d’être général, les exemples ne manquent pas où c’est la racine sans m qui est dotée de la plus forte intensité. Notre étude nous permet donc d’affirmer que le m final – ou médian – n’est, dans la plupart des racines arabes concernées, qu’un crément à valeur sémantique neutre dont la seule fonction est de “fabriquer du lexique” – et pas uniquement des noms – en allongeant des éléments trop courts et trop polysémiques.
Cette fonction du m n’est d’ailleurs pas propre à l’arabe, elle s’étend à l’ensemble des langues sémitiques comme on peut le constater par l’exemple du parallélisme ظلّ √ẓll // ظلم √ẓlm. Il suffit de lire les lignes de cognats qu’Andras Rajki – avec son propre système de transcription – donne l’une sous l’autre pour ces deux racines dans son Arabic Etymological Dictionary :
dzalima : be dark [Sem dz-l-m, Mal dlam (darkness), Akk ssalamu (be dark), Heb tzelem (image), Syr tzalma, JNA zulmat (darkness), Soq tlm, Amh tshelleme (be dark), Tig selma (dark), Uga dzlmt (darkness)]
dzalla : make shady [Sem dz-l-l, Mal dell (shade), EgAr dill, Akk ssillu, Heb tzel, Syr ttelala, JNA ttilla, Amh ttela, Uga dzl]
Mais plus encore que le rappel du rapport trop évident et bien connu entre l’ombre et l’obscurité, ce que cette étude nous aura permis de découvrir, c’est l’extension du sémantisme de la hauteur et de la supériorité à ceux du signe, du savoir et du bien faire propres à l’étymon {‛,l} tel qu’on a pu les constater dans les cinq racines ci-dessous :
عال ‛āla prendre le dessus sur qqn et le vaincre
علا ‛alā être haut
علم ‛alam montagne que l’on peut apercevoir de loin – علم ‛alama surpasser qqn en science, en savoir
عمل ‛amil bon ouvrier
وعل wa‛ala être éminent, dominer
Il est bon que la lexicologie et l’étymologie nous rappellent la haute opinion que les Anciens se faisaient de la science et du bel ouvrage.
Bibliographie
Bachmar, Karim, 2011, Les quadriconsonantiques dans le lexique de l’arabe, thèse de doctorat soutenue à l'École Normale Supérieure de Lyon. En ligne : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00672544/document.
Bohas, Georges et Saguer, Abderrahim, 2012, Le son et le sens, Fragment d’un dictionnaire étymologique de l’arabe classique, Damas, Presses de l’IFPO.
Bohas, Georges, 1997, Matrices, Étymons, Racines, Leuven-Paris, Peeters.
Erhet, Christopher, 1989, « The Origin of Third Consonants in Semitic Roots: An Internal Reconstruction (Applied to Arabic) », Journal of Afroasiatic Languages 2, 107-202.
Gauthiot, Robert, 1913, La fin de mot en indo-européen, Paris, Paul Geuthner.
Kazimirski, Arthur de Biberstein, 1860, Dictionnaire arabe-français, Paris, Maisonneuve et Cie.
Rajki, Andras, 2002, Arabic Etymological Dictionary. En ligne : https://archive.org/details/ArabicEtymologicalDictionary.
Rolland, Jean-Claude, 2016, « L’idiot du village : une étude de la racine بلد √bld », Lettre de la SELEFA 5. En ligne : http://www.selefa.asso.fr/AcLettre_05.htm.
Rolland, Jean-Claude, 2017, « Les étymons monoconsonantiques » in Dix études de lexicologie arabe, 2e édition, J.C. Rolland, Meaux.
Rolland, Jean-Claude, « Éclats de roche : une étude d’étymologie sur les noms de la pierre en latin, grec et arabe », The Journal of Arabic and Islamic Studies 17, p. 377-406. En ligne : http://www.hf.uio.no/ikos/forskning/publikasjoner/tidsskrifter/jais/volume/vol17/v17_07f_rolland_377-406.pdf
[1] Cette étude a d’abord été publiée dans Langues et littératures du monde arabe, LLMA nº 11, 2017.
[2] Exposée notamment dans Matrices, Étymons, Racines (1997).
[3] Note nº 50 de la page 69.
[4] Rolland, « Les étymons monoconsonantiques ».
[5] Les définitions, ici comme dans tout notre article, sont celles du dictionnaire de Kazimirski.
[6] « Les langues évitent d’employer comme mots normaux, autonomes, à valeur pleine, des éléments trop courts. » Robert Gauthiot, La fin de mot en indo-européen, Paris, Paul Geuthner, 1913, chap. III, « Le cas des monosyllabes », p. 66.
[7] Racines extraites de Bohas et Saguer, p. 324 à 326.
[8] Voir cependant plus loin la note nº 14.
[9] Thèse de doctorat soutenue à École Normale Supérieure de Lyon en 2011. (Deux tomes, en ligne).
[10] C’est l’option de Bachmar pour baldama et balsama ; baltam est absent de son corpus.
[11] En complément sur cette question, voir Rolland « L’idiot du village ».
[12] Voir le tout début du présent article, deuxième paragraphe.
[13]On nous objectera peut-être le côté « régional » de ce mot, qui est propre au Maghreb. Ce à quoi nous répondrons que l’étymologie s’appuie constamment sur les formes dialectales, la preuve étant désormais faite que, dans une même aire linguistique, les dialectes sont les plus sûrs et plus fidèles conservatoires de la langue officielle.
[14] C’est l’option de Mohamed El-Filali, telle qu’elle est exposée dans son mémoire de DEA (Université de Paris VIII, octobre 2001).
[15] Étude en préparation.
[16] Ce حشم ḥašima résulte donc clairement du croisement des deux étymons synonymes {ḥ,š} et {ḥ,m} « être en colère ». (Voir note nº 7).
[17] Cf. Rolland, Jean-Claude, « Éclats de roche ».
[18] Cf. aussi أسطمّة ’usṭumma le milieu, le cœur et la meilleure partie de toute chose. La forme أطسمّة ’uṭsumma, même sens, a tout l’air d’être une erreur de copiste.
Derniers commentaires
Bonjour et merci pour votre intérêt. La parenté est fondée sur un double rapport formel (le digramme radical {b,ẓ}) et sémantique (la sexualité).
Bonjour, si je comprends bien votre note 30, بظر pourrait être apparenté à باظ mais cela me parait un peu tordu... Ne le serait-il pas plutôt à بَظْرة, voire à بَثْرَة ?
Oui, voyez le travail de Saguer sur les préfixes n et m, dans "Le phénomène de la préfixation dans les racines arabes", Faculté des Lettres et Sciences Humaines d’Agadir. (2002, en arabe).
Merci.. Y'a t'il des articles de Bohas et suguar abderrahim concernant l'incrementation du consonne "n" et "m" dans le racine du lexique arabe ?..